Manifeste
Enfance imaginaire, imaginaire de l’enfance
Branka
1997
À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes.
— Rimbaud, Les poètes de sept ans.
C'est Baudelaire qui a dit que le génie, c'est l'enfance retrouvée à volonté ; je souhaite quant à moi, aller plus loin en vous livrant une réflexion sur la création dans l'enfance.
Il en est de l'idée de l'enfance comme de toute production culturelle, par exemple celle de la conceptualisation théorique ou de la création artistique.
Elle est sujette aux pires lieux communs, voire investie par des phantasmes qui en nient la particularité et l'essence. Une enfance imaginaire promue par des adultes voit le jour, (dans l'après coup du phantasme), qui de fait devient structurée, stylisée, puis commercialisée par l'idéologie ambiante.
En trois mots, pour moi : cette enfance-là n'existe pas. Mais se propage une certaine utilisation tronquée de son existence.
On vend de l'enfance.
Bien sûr les enfants jouent dans les jardins, ils crient dans la cour de récréation, ils pleurent parce qu'ils souffrent, ils hurlent car ils ont faim, ils sourient parce qu'on les aime, ils meurent aussi de maladie ou de chagrin.
En attendant de vivre car leur imaginaire leur est volé, les enfants miment les projections des adultes qui les happent, comme on mendie un bout de pain en désespoir de cause, sans conviction, avec haine et sans lendemain.
Parfois ils se secouent de ces signifiants qui ne leur appartiennent pas, mais pris dans le discours de l'autre, leur langage devient une dynamique du refoulement et une révolte mue en logique de la répétition dans la confusion des langues entre eux et les adultes.
Lorsque l'enfant dit vrai, l'adulte dit: il ne sait pas ce qu'est La vérité. Lorsque l'enfant dit je t'aime, l'adulte s'écrie : tu es à moi.